Remaniement ministériel au Sénégal : Macky dans les fringues de Lucky Luke

Article : Remaniement ministériel au Sénégal : Macky dans les fringues de Lucky Luke
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7 novembre 2020

Remaniement ministériel au Sénégal : Macky dans les fringues de Lucky Luke


Sitôt réélu en 2019, le président Macky Sall a supprimé le poste de Premier ministre au Sénégal. A l’occasion de ce dernier remaniement ministériel, il dégaine plus fort. Ces principaux lieutenants tombent.

Pour rappel, Lucky Luke est le personnage d’une série de bande dessinée franco-belge. Un type à la gâchette facile. On le surnomme « l’homme qui tire plus vite que son ombre« . En politique, hélas, il arrive que l’on vide son chargeur sur son propre camp. Nous comprendrons pourquoi.

L’enjeu du pouvoir

La proximité avec le fauteuil présidentiel explique pour beaucoup le problème. Depuis Maitre Abdoulaye Wade, les Premiers ministres qui se sont succédés à la tête du gouvernement en ont fait les frais. M. Idrissa Seck, accusé de trop lorgner le siège du président, est vite précipité au dehors et emprisonné. A sa suite, Macky Sall dégringole de la primature et atterrit au perchoir de l’Assemblée nationale. Il y sera destitué manu militari. La question de la succession du Pape du Sopi ouvre la boite de Pandore. A l’avenue Léopold Sedar Senghor, les faucons du palais tirent les ficelles et font feu de tout bois.

L’histoire se répète

Dès l’entame du second mandat du président Macky Sall, la question de sa succession a ressurgi. Naturellement, comme dans tout parti politique qui se respecte et aspire à la conservation du pouvoir. D’autant que le président Sall lui-même a exclu de se représenter à une troisième candidature. Qu’à cela ne tienne, tous ses partisans qui flirtent avec le sujet reçoivent des tirs de sommation. Ils sont par la suite pourchassés et conduits à la porte. Non, la succession du leader n’est pas à l’ordre du jour. Les cadres du parti qui ont de l’adrénaline et de l’ambition à revendre déchantent. Ils devront chercher ailleurs.

Un problème de démocratie interne

Pour la plupart, les partis politiques tardent à réaliser leur mue. La démocratie interne y fait généralement défaut. Le leader, chef de parti, est l’alpha et l’oméga. Il est, pourrait-on dire la seule constante et le gros de la troupe, les variables. Le commun des militants, même membres fondateurs éjectables sur simple saute d’humeur. En marge du nouvel attelage gouvernemental, les ténors de L’APR inondent les réseaux sociaux. Ils remercient le Président et lui renouvellent allégeance. Cependant derrière le rituel, on devine l’énorme os qu’ils ont au travers de la gorge.

Après le ménage, l’appel d’air

La nature a horreur du vide. Si l’on ne s’entoure pas de ses amis, on s’ouvre aux ennemis. Les opposants les plus féroces au régime rejoignent le pouvoir. A leur tête, un « gros poisson » politique en la personne de M. Idrissa Seck, leader de Reewmi. Second à la dernière présidentielle de 2019, ses retrouvailles avec Macky suscitent interrogations et supputations. Le deal tant décrié entre les mastodontes politiques est en passe de révéler ses contours et contenus. Alors que la pêche aux ténors de l’opposition se poursuit, le président Sall est en voie de réussir de fort belle manière son pari. D’un coup, il réduit l’opposition à sa plus simple expression et conforte ses assises pour 2024. Si une pétarade mode Far West n’explose pas, la bande gagnée à force de collages, colmatages, sutures et soudures. A la Lucky Luke, quoi.

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