Élection de Diomaye Faye au Sénégal : les attentes

Article : Élection de Diomaye Faye au Sénégal : les attentes
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1 avril 2024

Élection de Diomaye Faye au Sénégal : les attentes

Bassirou Diomaye Diakhar Faye élu 5em Président de la République du Sénégal prête serment au moment où les sénégalais sont partagés entre espoir et craintes.

L’échec des alternances précédentes

L’échec des alternances de 2000 et de 2012 fait aujourd’hui que le nouveau président ne peut pas bénéficier d’un chèque en blanc. On se rappelle encore les dérives du regime du président Abdoulaye Wade avec la gestion quasi familiale du pouvoir et l’entêtement du pape du Sopi pour un troisième mandat.

A son tour, le président Macky Sall élu sur la base d’un programme qui avait donné une large place à la bonne gouvernance et à des instititions fortes se retrouve avec des violations patentes des droits et libertés. On ne reviendra pas sur les nombreux cas d’impunités en matières financières et économiques.

Les défis et les inquiétudes

Avec un score de 54,28% au premier tour, assurément les sénégalais ont largement plébiscité le président Diomaye Faye néanmoins la plupart attendent pour voir les tenants et aboutissants du projet de rupture dont la coalition gagnante est porteuse.
A n’en pas douter, les chantiers en perspectives sont énormes . Il s’agit entre autres de la réduction des pouvoirs du président de la république, de la réhabilitation de la justice et des procédures judiciaires, de l’emploi des jeunes et de la réduction substantielle du coût de la vie. Mais, pour commencer, la gestion dualiste ; quasi bicéphale du pouvoir entre Ousmane Sonko et son ancien second suscite beaucoup d’appréhensions et d’incertitudes chez l’opinion. Le président Diomaye sera-il à même de gouverner les coudées franches ? A quelle hauteur s’affranchira-t-il de Sonko son ex mentor ?

En outre il y’a la question des transhumants, ces pontes du « système », arrivistes de la dernière heure pour le partage des dividendes. Il faut d’emblée dire que la présence de ces personnalités survivants des anciens régimes dans l’attelage gouvernemental risquerait fort d’être la source de discordes entre le nouveau président et ses électeurs. Un fait d’ailleurs qui n’est conforme ni à l’esprit ni à la lettre de la rupture tel que souhaité aujourd’hui par les sénégalais.

Du pouvoir de la rue

Au Sénégal par les temps présents, le pouvoir, c’est l’affaire du peuple. Le même qui le confie, qui le contrôle et qui le retire au besoin sans aucune autre forme de procès. L’opposition du président Bassirou Diomaye Faye et des siens au régime du Président Sall a été d’un radicalisme sans précédent. Aux jeunes, ils apprirent à défier l’autorité de l’état en déchirant les arrêtés des préfets et des gouverneurs, en mettant la cité à feu et à sang et en invitant à marcher sur le palais. A présent que les porteurs du <<Gatsa-Gatsa>>, slogan pour <<œil pour œil, dent pour dent>> sont au pouvoir, à quoi s’attendre ? Sûrement à un retour de bâton dans les mêmes termes et les mêmes procédés qui ont plus d’une fois poussé le Sénégal au bord de l’implosion. Suivez mon regard et notez-y une invitation aux tenants de l’actuel régime à se prémunir autant qu’ils peuvent du syndrôme des Palais qui a emporté tant de gouvernements en Afrique et dans le monde : la boulimie du pouvoir.

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