Guéo : le pont de l’immergence

Article : Guéo : le pont de l’immergence
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20 juillet 2020

Guéo : le pont de l’immergence

Au nord du Sénégal, à Keur Momar Sarr, à près de 300 km de Dakar, le pont de Guéo érigé sur la boucle du Lac de Guiers et du Ferlo, est la seule voie de liaison des terroirs du Walo Dieri avec le reste du pays. En ce début d’hivernage, l’état de délabrement de l’ouvrage, plus qu’un cauchemar pour les populations, pose une sérieuse équation au contrat social.

Importance géostratégique du pont

Seule voie d’accès à la rive gauche du Lac de Guiers et donc aux communes de Syer, Mbane, Richard-Toll et une partie de Keur Momar Sarr, le pont de Guéo est d’un intérêt socioéconomique indéniable. Eût égard notamment au potentiel du terroir en ressources animalières, halieutiques et forestières. Il s’y ajoute l’enjeu géostratégique que revêt la vallée du Lac de Guiers qui s’ouvre résolument à l’ère de l’agrobusiness. En témoigne l’implantation de projets étatiques tels le #PDIDAS et le #PRODAC sans oublier WAF, SENEGINDIA entres autres investisseurs privés.

Un pont en eau profonde

A peine deux pluies enregistrées en ce début d’hivernage, le pont de Guéo immerge. Une situation compromettante pour la circulation des personnes et des biens. Pour les piétons, automobilistes et camionneurs, le passage obligé est la croix et la bannière. Pire, une sacrée opération kamikaze au vu des risques auxquels la traversée du pont expose la vie des personnes et celle du bétail. En particulier le samedi, jour du louma de Keur Momar Sarr, l’un des plus fréquentés du pays.
De Richard-Toll, Thilé, Mbaye Awa, les camionnettes arrivent sous leurs chargements de voyageurs, de bêtes et de marchandises. Elles doivent manœuvrer de bout en bout pour s’extraire des eaux et éviter la collision avec les charretiers.

Un fort tribut payé par le contribuable

En temps ordinaires mêmes, les problèmes d’accès constituent le lot quotidien des populations. Pour cause, le tronçon Louga-Keur Momar Sarr-Nginth est toujours un épouvantable parcours parsemé de nids de poules, de crevasses et d’embûches de tous genres malgré l’érection dans la localité de trois usines préposées à l’alimentation de Dakar en eau potable.
Il y’a une semaine, du fait du ravinement, la coupure à hauteur de Syer de la piste menant vers Richard-Toll a immobilisé pour un temps l’évacuation par les gros porteurs de la production maraîchère de #SENEGINDIA en particulier.
A mesure que l’hivernage progresse, la traversée du pont de Guéo inquiète de plus bel les autochtones en difficulté d’acheminer leurs produits de pêche, leurs légumes, bétails ou de convoyer simplement leurs malades et femmes en situation de grossesse.

À quand la visite de Monsieur le ministre ?

Le voilà le brin d’espoir : la venue d’une personnalité de la République au bled. Celle du ministre ; peut-être du président de la République. L’inauguration du #DAC de Keur Momar Sarr en est l’occasion rêvée. On croise les doigts ; pourvu seulement que l’autorité ne voyage en hélico. Dans les grands-places, on en parle en murmurant et en chuchotant : l’aubaine pour l’arrière-pays. En préludes à un tel événement, les gradeurs, bulldozers, bennes et autres engins entreraient en action à plein régime. Un trimestre entier à creuser, gratter, remblayer, rafistoler afin d’ouvrir le passage à l’hôte. Juste pour une demi-journée d’accueil et d’allocutions au protocole ; beaucoup moins d’ailleurs. Après, le Boss retourne à ses priorités et le pays à son sort.
A l’heure des échangeurs, autoroutes à péage et trains électriques, voilà une leçon de gouvernance bien digne des Tropiques !


Mamadou Magarem Fall
mfallcom@gmail.com

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