Ramadan : fin et suites !

Le ramadan, mois de dévotion et de pénitence s’en va. Une occasion privilégiée pour festoyer ; pour pardonner et demander pardon aux prochains. Pas seulement, on doit aussi s’interroger sur le leg de ce mois béni aux croyants.

Mois de pénitence et de violences

A chaque occasion, l’attente du mois de ramadan est particulière. Elle se distingue pour beaucoup de celle communément réservée à tout autre mois du calendrier musulman. Parce que le jeûne qu’il impose aux croyants est synonyme d’une rare violence physique ; même physiologique sur soi. S’abstenir de manger et de boire du matin au soir est on ne peut plus rude comme épreuve. En particulier en milieu tropical où à des endroits où le thermomètre affiche près de 40 degrés Celsius à l’ombre. Le simple fait d’y penser donne le tournis aux plus stoïques.

Cette autre violence est pourrait-on dire l’abstinence à l’absolu. Les croyants, hommes et femmes ; jeunes et vieux s’en prennent à cœur joie. Dès l’annonce de l’apparition du croissant lunaire, les jeunes filles s’empressent de ranger leur linge fashion. Aux placards, jupes courtes, jeans serrés et autres fringues indécents ! Sainteté oblige ; partout, le chapelet est de mise et le port de djellabas, de boubous traditionnels et de foulards, de mode.

Le jeûneur soumet ses organes de sens à un contrôle rigoureux. Point de vains mots, de paroles calomnieuses ou injurieuses. On se livre à la psalmodie ou à la lecture du Coran. Les férus de télénovelas et autres mélomanes n’ont d’ouïe que pour les versets coraniques, les hadiths et prêches. Les chaînes de télévision les plus << libertines >> sont au diapason. Elles rivalisent de grilles où conférences religieuses, prêches et récitals de coran se taillent le gros du lot.

Un mois d’adoration par excellence

Les mosquées refusent du monde de jour comme de nuit. C’est à la faveur des prières obligatoires et surérogatoires qui drainent des foules immenses à l’appel du muezzin. D’aucuns poussent même leur dévotion à élire domicile dans les lieux de culte. Loin de toute mondanité et de toute diversion, ils s’exercent à louer Allah et à demander pardon pour leurs péchés. Les repas partagés dans la pure tradition islamique et les donations de toute nature sont le symbole par excellence d’une communauté de foi qui trempe dans une ferveur inégalée.

Fin de jeûne et finalité de jeûne

La korité qui marque la fin du mois de ramadan est cruciale à plus d’un titre. Elle est même équivoque si elle ne présage un début ; le commencement de quelque chose de grandiose en lien avec la foi individuelle et collective des croyants. Une dévotion tartuffienne laisserait comprendre que les pratiques cultuelles en foison s’arrêteront pile avec le mois. Qu’à partir de maintenant, l’on s’autorise tous les interdits observés au pied de la lettre durant le mois de jeûne. Un peu comme si le retour au manger et au boire équivaudrait au retour des accoutrements obscènes, de la calomnie et de la médisance, des programmes de télévision attentatoires à la morale et à la pudeur. Que les lieux de culte peuvent désormais se vider de leur monde et les assemblées de prières se réduire au strict minimum d’une poignée de fidèles.

Oh que non ! Il est d’ailleurs commun d’ouïr que le croyant, dont le mois de ramadan est agréé, en sort toujours renouvelé. Le contraire s’entend si l’on n’a jeûné que pour jeûner ; que pour sacrifier à l’air du temps. Or, le principal est de progresser ; le maître mot est d’avancer dans la recherche de l’agrément divin, seule voie de salut terrestre et céleste pour le croyant. Toute chose qui nous inspire invite pour viatique à toute la fraternité de la Umma : Fin de jeûne, ne coupez pas ; CONTINUEZ D’ÊTRE MEILLEURS !