Je dois mon métier à la Covid-19

17 juillet 2020

Je dois mon métier à la Covid-19

Au Sénégal, avec la fermeture prématurée des établissements scolaIres en mi-mars pour raison de Covid-19, bon nombre d’élèves ont jeté leur dévolu sur les métiers du secteur informel. Une occupation qui leur permet d’être utiles à quelque chose en plus de gagner un peu d’argent. N’est-ce pas là une menace sérieuse à la prochaine rentrée scolaire des apprentis ouvriers ?

Kirikou

SAMBA il s’appelle ; Kirikou de surnom. Un bout d’homme, flegme et maigrichon, l’air quelque peu indifférent. Sa tenue noircie d’huile et de graisse fait sa fierté ; certainement, celle de sa famille.

Au garage, le mécanicen en herbe se faufile subreticement entre les voitures en dépannage, les blocs de moteurs et autres tas de ferrailles. La pause chez « Bira- Mécanique Générale » est un luxe pour le cadet des apprentis.

On fait les commissions

 » Kirikou » deci, « Kirikou » delà. Alors, le voilà infatigalement courir à droite et à gauche.Tantôt, pour acheter pour les plus grands une crème glacée, une cigarette, un cornet de cacahuètes, une carte de crédit ; tantôt pour une commission anodine au garage voisin. Un rituel auquel sacrifie tout novice chez « Bira ».

Un savoir-faire à petits pas

Après cinq mois d’apprentissage, Kirikou est tout de même utile à beaucoup d’autres tâches. Dans la mallette à outils, il est à même de distinguer d’un œil une clé à plat d’une clé à pipe, un tournevis d’une pince, une bougie, un dynamo… Aux heures creuses, on le voit souvent s’occuper à serrer des écrous, à nettoyer des pièces à l’essence ou à s’essayer à la rude corvée de montage de pneus.

Une histoire d’écolier

Qui l’eut cru, l’histoire de cet élève de CE1 pensionnaire de l’école élémentaire de Keur Mar ? Mi-mars, les établissements scolaires sont fermés en raison de la pandémie à Covid-19. A l’ère du confinement, parents et enfants sont sommés de rester à la maison, le virus mortel guettant au dehors.
Naturellement, les journées longues et ennuyeuses inquiètent au plus haut point le père qui se résout bientôt à « caser » sa progéniture : Demba à la menuiserie, Fanta au salon de couture et Kirikou au garage mécanique.

On est bien de se savoir utiles

Très vite, les petits éprouvent intérêt à être utiles à quelque chose, un savoir-faire que la famille et le voisinage ne manquent pas d’apprécier à sa juste valeur. jour à l’autre, c’est Demba qui apporte un banc, un tabouret ou coffret en bois quand Fanta réalise de belles coutures pour ses sœurs cadettes. Pour sa part, Kirikou s’illustre rapidement dans le quartier comme le réparateur à solliciter en premier en cas de problème d’allumage ou de réglage du moteur des motocycles.

Un retour en classe non assuré

Ailleurs, Coronavirus oblige, les potaches en vacances anticipées se retrouvent qui à la maçonnerie, à la forge, qui d’autre à la plomberie, à la pêche ou au comptoir de commerce.A considérer que les petits apprentis reçoivent de leur patron de menues monnaies qu’ils thésaurisent pour se payer portables et autres gadgets de leur choix, leur retour à leur tablette et calculette à la prochaine rentrée scolaire n’est-il pas hypothétique ?

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