Ma plume, mon combat

Article : Ma plume, mon combat
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18 décembre 2020

Ma plume, mon combat

Écrire n’est pas aisé. C’est même contraignant. En plus, il faut souvent souffrir de l’adversité qui fera feu de tout bois pour museler, réduire au silence.

La prise de paroles s’apprend dès les tout-premiers jours de l’école. Elle est pourrait-on dire un fait de socialisation, même de civilisation. En s’exprimant de vive et audible voix, l’on se révèle aux autres. L’on s’améliore par le frottement de ses idées avec celles de ses pairs. Toutes choses est de nature à briser les egos et à rendre le groupe meilleur.

Ce n’est pas la parole qui inquiète, c’est le silence qui est à craindre. Les sociétés qui l’ignorent l’apprennent à leurs dépens. Elles le paient cher devant l’histoire au prix de gâchis incommensurables.

La loi du silence

La culture du silence est la pire qui puisse arriver à une société. Elle fonde et perpétue le règne des tyrans et de leurs inconditionnels. Les cohortes de laudateurs et lèche-bottes, complices des pires crimes dont leurs peuples sont victimes.

Les pieuvres ne se satisferont jamais de blé et de luxure. Elles trainent à l’abattoir leurs propres frères pour assouvir leurs égoïsmes fétides et serviles. Sous le couvert des banquets, elles arrondissent le dos guettant le gras dégoulinant. Elles vendent leur peau au diable pour les beaux yeux du prince. L’adulé un jour, acculé l’autre ; peut-être le futur exilé.

Piètre destin que celui d’être réduit au silence. Le lot de ceux et celles qui passent à côté de l’histoire. La racaille sourde aux souffrances des siens et de leur vécu désastreux. Ils sont muets et on les comprend ; ils ont le fromage à la gueule.

Destin de martyr

Le choix de parler pour les siens est crucial. Il faut en mesurer les privatisations et sacrifices. Il faut en accepter les menaces et risques. L’adversité la plus farouche face à laquelle un combat gagne en noblesse et en grandeur. La liberté n’est guère si elle ne s’exerce. Si elle ne se fonde sur le droit de dire non à l’injustice, de la décrier et de la combattre.

L’histoire des hommes est sélective. Si elle retient les noms des martyrs, c’est qu’ils lui ont fait don de leurs vies. Ils ont payé le plus fort prix pour honorer leurs terres et leurs peuples. S’ils répugnent les compromis et le conservatisme, c’est que la déconstruction des paradigmes est nécessaire au progrès. En cela, les sociétés allergiques aux ruptures sont toujours les retardées de l’histoire.

C’est ainsi que depuis le Sahel, je m’efforce d’être l’écho de mon pays profond. Je partage les peines et les affres du sous-développement marquées comme au fer rouge au visage des miens. Nos territoires brûlés par le soleil étalent leurs immenses bandes de terres couleur de feu. Ils sont les dernières proies des nouveaux colons ; les agroindustriels à la boulimie foncière démentielle.

Ma plume a la rugosité des mains calleuses des femmes arcboutées dans les rives boueuses des vallées. Elle a la candeur des regards d’écoliers grelottant dans le froid de janvier. La fièvre des campagnes et des villes la trempe et la nourrit. Elle est forte de toutes les voix étouffées et des bras levés au ciel en quête d’équité et de justice sociale.

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