Sénégal : cap vers les élections locales au Walo Dieri

Le Sénégal s’achemine vers les élections locales du mois de janvier 2022. Cependant au Walo Diéri, l’inamovibilité des tenants des collectivités locales constitue un sérieux frein au développement et à l’émancipation du terroir.

Le pays

Le Walo Diéri est une bande de terre partagée entre les régions de Saint-Louis et de Louga, au nord-ouest du Sénégal. Le terroir est un « don » du Lac De Guiers. Il regorge d’immenses potentialités, qui favorisent le développement de l’élevage, du maraîchage et de l’activité de pêche. Au demeurant, les limites du leadership local justifient pour beaucoup le retard du terroir à sortir de l’ornière.

Des dinosaures, il en existe encore par ici. Politiques, s’entend évidemment. Des maires, conseillers locaux et autres survivants de l’époque Senghorienne qui égrènent leur demi siècle au pouvoir. Tel qu’analystes politiques et autres observateurs donnent leur langue au chat pour expliquer le phénomène.

Une situation alarmante

La localité s’illustre par un manque notoire d’infrastructures de base. En effet, pour bon nombre de villages et de hameaux, l’électricité est encore un luxe. L’eau, n’en parlons pas. En dépit de l’érection de trois usines de traitement des eaux sur le lac de Guiers, le liquide vital est une denrée rarissime à la vallée. Par voie de conséquence, la consommation des eaux de surface reste le recours obligé pour la majorité des populations.

Last but not least, l’absence de routes est le plus fort tribut payé par le contribuable. L’axe Louga-Gnith-Colona et la piste Keur Momar Sarr-Richard Toll rivalisent d’inconfort. Ce qui, à bien des égards, rend problématique la circulation des personnes et des biens. En période hivernale en particulier, poissons et légumes pourrissent sur place, faute de véhicules pour les transporter.

Tout autant, les malades souffrent le martyre pour joindre les structures de santé. En l’espace d’un mois, deux femmes ont accouché en bordure de piste à hauteur de Diaminar. Aux bourgades plus nanties, les ambulanciers jouent leur va-tout à chaque évacuation de patients. Une course contre la mort en vrais cascadeurs.

Les résistances au changement

Loin d’être exhaustif, ce tableau sinistre qui occulte spoliations et spéculations foncières heurte les consciences. Pas toutes, bien évidemment, puisque dans son ensemble, l’arrière-pays voue aux leaders une fidélité quasi féodale. Après quarante à cinquante ans de règne, les élus locaux sont encore adulés ; plébiscités.

On put dire sans risque d’erreur que l’allergie au changement est le mal le plus en partage au Walo Dieri. La croyance profondément ancrée que « le pouvoir procède de Dieu » amène à assimiler l’opposition à une rébellion contre la volonté divine. Pour preuve, l’électorat autochtone ne s’est jamais opposé à un régime en place. Toutefois, dès qu’un nouveau locataire s’installe au palais de la République, les leaders et leurs cohortes d’inconditionnels rejoignent son camp sans gêne aucune.

En langage clair, le Walo Dieri n’a accompagné ni l’alternance de 2000, ni celle de 2012. Les luttes ont chaque fois été menées ailleurs. Elles sont l’œuvre d’autres compatriotes ; des hommes, des femmes et des jeunes qui écrivent l’histoire politique du Sénégal de par leur foi et leur engagement.

2022, le tournant décisif

A quelques mois des élections locales, il est utile de mettre les populations du Walo devant leurs responsabilités. Une nouvelle fois encore, la République leur donne la possibilité de décider de leur avenir. Le choix d’élus compétents ayant une claire vision des enjeux de l’heure est une exigence.

De toute évidence, les luttes seront âpres et de longue haleine. La jeunesse et l’élite ne pourront en aucun cas se soustraire à cette responsabilité historique. Leur rôle de veille et d’avant garde est plus que jamais d’actualité. C’est le prix à payer pour libérer le terroir de tant de décennies de surplace et le porter résolument sur la rampe du développement économique et social.