Coup d’état au Mali : les enseignements à retenir

Article : Coup d’état au Mali : les enseignements à retenir
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26 août 2020

Coup d’état au Mali : les enseignements à retenir

Le 18 Août 2020, les militaires maliens partis du camp de Kati renversent le président IBK au pouvoir depuis 2013. Une situation préoccupante du fait de l’insécurité grandissante  qui prévaut dans la sous-région.

Un coup d’état peut s’expliquer. Par convention, il ne peut se justifier. D’où la tradition chez les chancelleries à condamner avec la dernière énergie le coup de force. Alors, les billets diplomatiques fusent tout azimut. S’ils obéissent aux règles élémentaires de bienséance et de bon voisinage, ils cachent mal le sentiment corporatiste rudement éprouvé.

Un coup de force légitimé

A l’opposé, les acteurs et analystes qui se félicitent du coup d’état militaire ne manquent pas d’arguments. Aux légalistes, ils opposent la légitimité sans quoi un gouvernement est antidémocratique . C’est à dire qu’il n’est ni pour le peuple, ni par le peuple.

A partir de quand un président légalement élu cesse-t-il d’être légitime? Si constitutionnalistes et autres professionnels du droit auront du mal à s’accorder sur la question, les juridictions étatiques n’en offrent pas davantage d’éclairage. Parcequ’elles sont juge et partie. Parcequ’elles servent les intérêts des régimes dont elles sont l’émanation et le prolongement.

La malgouvernance en question

Nous ne parlons pas ici du jugement de valeur que les uns et les autres portent différemment sur la gestion de la cité de manière générale. Nous référons aux excès dont nos gouvernements sont souvent comptables. En particulier aux coups d’état constitutionnels qui devraient préoccuper la communauté internationale autant qu’une prise du pouvoir par l’armée.

Que non. D’une part, les institutions régionales ne jouent pas le jeu, de l’autre, les partenaires occidentaux ne se préoccupent que de leurs intérêts d’état. D’où le chèque en blanc aux régimes du sud. A nos princes qui s’autorisent tout excès que leur permet leur capacité à réprimer et à étouffer toute contestation populaire.

De là proviennent les dérives de tous genres. De la constitution sous anesthésie à la table chirurgicale aux mandats prorogés sur simple parafe. La suite se joue à la roulette russe. La carte du tout ou rien. Un rapport de forces à l’issue fatale parceque débouchant immanquablement sur la victoire de la rue ou la dictature du pouvoir .

La menace d’instabilité sociopolitique

En proclamant le retour rapide à la légalité constitutionnelle dès leur accession au pouvoir, les militaires reconnaissent de facto que leur coup  est une réponse conjoncturelle. Elle n’est guère une solution à long terme. Mais plutôt une intrusion accidentelle dans les affaires symptômatique d’une démocratie embryonnaire du fait de l’échec des civils à jouer convenablement leur partition.

Un coup d’état militaire dans l’environnement sécuritaire délétère de la sous-région est déjà assez préoccupant. Lorsqu’on y ajoute l’appétit démesuré de nos politiques pour le pouvoir, il y’a lieu de s’inquiéter quant à la stabilité sociopolitique de nos états à plus ou moins long terme.


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