Keur Momar Sarr : Blocus des bergers transhumants à Guéo, au Sénégal

Article : Keur Momar Sarr : Blocus des bergers transhumants à Guéo, au Sénégal
Crédit: Courriers Sud
11 novembre 2023

Keur Momar Sarr : Blocus des bergers transhumants à Guéo, au Sénégal

Carte du pont de Guéo sur le Lac de Guiers au Nord-Ouest du Sénégal/Capture d’écran Google Earth

Des jours durant, les bergers et leurs troupeaux en transhumance sont bloqués au pont de Guéo par un important dispositif sécuritaire. C’est pour prévenir les conflits entre agriculteurs et éleveurs en cette période de récolte particulièrement sensible pour les deux communautés.

Le blocus de Guéo

Guéo, le point de passage qui permet aux éleveurs du Walo dieri de rallier le Ndiambour et le Djolof est sous blocus depuis quelques jours. D’importants effectifs de la gendarmerie y font le pied de grue pour barrer le passage aux bergers et à leurs troupeaux.

A en croire les autorités, l’arrêté pris par le préfet du département de Louga interdit la circulation du bétail du 31 octobre au 31 décembre 2023 afin de préserver l’ordre public et éviter les risques de conflits entre agriculteurs et éleveurs. En effet, des affrontements récurrents ont été plusieurs fois notés entre ces différents groupes socio professionnels, au niveau de Nguer Malal notamment. Cet état de fait, dont témoignent les certificats médicaux, plaintes et nombreuses réclamations, a fini par en rajouter à la préoccupation des autorités, soucieuses de la paix sociale et de la sécurité des personnes et de leurs biens. Or, chaque année, en pareilles circonstances et à l’échelle du pays, les conflits entre bergers et paysans sont monnaie courante.

Un climat de tensions ambiant

transhumants en charrettes
Femmes peuhles et chargements
Crédit photo/ Mamadou Magarem Fall

Il y’a un peu moins d’un mois dans le département de Darou Mousrty, le meurtre d’un paysan dans son champ a fait les choux gras de la presse. En transhumance en hordes importantes dans les landes, les troupeaux de moutons et de vaches principalement, jettent leur dévolu sur les champs. Les fourrages de mil, de haricot et d’arachides qu’ils y trouvent, constituent un apport calorifique sans égal avant d’engager la pénible traversée de la saison sèche. Toutes choses qui font de la transhumance quasiment un usage calqué dans l’ADN des communautés bergères du Dieri pour qui le bétail est la raison de vie et de mort.

C’est sans compter avec l’esprit de dialogue que les autorités de tous bords ont veillé à préserver la paix et la concorde entre les communautés bergères et paysannes, au destin indissociable. Le Comité Local de Développement (CLD) tenu à Keur Momar Sarr sous la présidence de Monsieur l’adjoint au sous-préfet, aura permis de décanter provisoirement la situation.

Levée du blocus de Guéo

Traversée du pont de Guéo par les transhumants
Crédit Photo/ Mamadou Magarem Fall

Ce matin du samedi 11 novembre, le dispositif de la gendarmerie est toujours en positionnement sur le pont de Guéo. Dès les premiers rayons du soleil néanmoins, des hordes de moutons, des bergers et d’interminables files de charrettes convoyant les femmes et les enfants ont entamé leur traversée. C’est au sortir du CLD évoqué plus haut que les autorités et les éleveurs ont finalement convenu d’un couloir par lequel les transhumants devront circuler. L’adjoint au sous-préfet, le représentant du maire, le commandant de brigade et le représentant du khalife de Loboudou, présents sur les lieux, ont tenu chacun à rappeler le respect d’une telle recommandation.

Sur place, des éclaireurs ont été dépêchés pour suivre les troupeaux et s’assurer du respect scrupuleux de l’itinéraire établi. Guère de doute là-dessus, les contrevenants à ces directives seront tout simplement rattrapés et éconduits.

Jusqu’à quand durera l’accalmie précaire qui prévaut sur les hauteurs du Diéri et dans le sillage des transhumants en partance vers le sud ? Les autorités auront beau légiférer, alerter et communiquer pour parer au pire, les principaux protagonistes que sont les éleveurs et les agriculteurs ont leur partition à jouer. C’est leur réflexe de sécurité qu’ils doivent faire prévaloir pour la sauvegarde de la ressource la plus précieuse par les temps qui courent : la paix.

coupe-coupes en fourreaux
Coupe-coupes en fourreaux saisis par les gendarmes sur les bergers. Crédit photo/Mamadou Magarem Fall
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