Les maladies tropicales négligées derrière le voile du Covid-19

Article : Les maladies tropicales négligées derrière le voile du Covid-19
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3 décembre 2020

Les maladies tropicales négligées derrière le voile du Covid-19

Au Sénégal, le lancement prochain de la campagne nationale de traitement de masse des Maladies Tropicales Négligées (MTN) lève un coin du masque du Covid-19 ; l’arbre qui cache la forêt.

Samedi 5 décembre 2020, le ministre sénégalais de la santé lance la campagne de traitement de masse des Maladies Tropicales Négligées au lac de Guiers. Chaque année, l’événement est l’occasion de remettre au goût du jour la problématique des pathologies. Elles constituent en effet un sérieux problème de santé publique sous les tropiques.

Rappel sur les maladies tropicales négligées

Parmi les dix-sept maladies détectées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dix sont présentes au Sénégal. Il s’agit, entre autres, de la bilharziose, de la géo-helminthiase, de la filariose lymphatique, de l’onchocercose et du trachome. À ces pathologies, il faut ajouter la rage, la dengue, le ver de guinée, la lèpre, le leishmaniose.

Ces maladies affectent plus les couches vulnérables. Elles touchent plus d’un milliard de personnes à travers le monde. Elles sont dites  » négligées  » du fait du peu d’intérêt que leur accordent les industries pharmaceutiques. Et pour cause, les laboratoires européens mesurent tout le risque à rentabiliser des investissements consentis sur des maladies particulières aux pays pauvres. Avec la déclaration de Londres en 2012, les partenaires internationaux se sont engagés à appuyer l’OMS dans l’éradication de ces fléaux.

Les MTN, une problématique environnementale dans le Nord

Au Lac de Guiers, les MTN sont apparues avec la mise en chantier des barrages sur le fleuve Sénégal. À la faveur des changements de l’écosystème, les bilharzies et autres agents pathogènes ont proliféré. En l’absence de structures sanitaires spécialisées dans le traitement de ces maladies, les riverains du lac ont payé un fort tribut.

Aux premières heures, du sinistre, les cas de bilharziose étaient particulièrement mortels. L’évacuation des patients au seul centre de dépistage de Richard Toll a constitué un énorme coût supporté par les autochtones.

L’hygiène, le maître mot de la prévention

La campagne de traitement de masse est salutaire à plusieurs égards. Les populations sont fortement sensibilisées sur la gravité des pathologies en question. Elles bénéficient en outre de la distribution gratuite de médicaments à grande échelle. Les autorités ont donc pris le parti de la prévention. A ce titre, la cible scolaire est particulièrement visée. Elle est en effet particulièrement exposée aux pathologies, notamment aux geohelminthiases. Il s’y ajoute le relais important que constitue le milieu scolaire dans la promotion et la vulgarisation des réflexes sanitaires.

Les MTN sont étroitement liées à l’hygiène individuelle et collective. Elles prospèrent avec la surpopulation et la promiscuité qui en résulte. Malgré la création de trois usines de traitement des eaux sur le lac de Guiers, l’accès des populations riveraines à une eau saine est encore la croix et la bannière. Dans plusieurs villages et hameaux, le système d’adduction d’eau potable est soit inexistant, soit insuffisant.

Par conséquent, le recours des populations aux eaux de surface ne fait que compliquer la lutte contre les pathologies. Dès lors, la mise à disponibilité d’une eau qualitative et quantitative n’est pas qu’une nécessité de santé publique. Elle est un énorme gain économique en ce qu’elle libère de l’emprise des maladies endémiques une frange importante de la population active.

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