Ukraine / Russie : Les limites de la médiation africaine

Article : Ukraine / Russie : Les limites de la médiation africaine
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23 juin 2023

Ukraine / Russie : Les limites de la médiation africaine


Les conséquences du conflit russo-ukrainien imposent un sursaut mondial pour y mettre fin. En proposant leur médiation, les présidents africains en déplacement à Moscou et à Kiev comptent mettre leur contribution pour ce faire. C’est sans compter sur les questions fondamentales qui divisent les protagonistes et rendent difficiles les compromis.

Un contexte critique

La mission africaine à Kiev et Saint Petersbourg est advenue dans une situation particulièrement critique. Quelques jours auparavant, l’Ukraine lançait sa contre-offensive. Elle est on ne plus forte du soutien de ses partenaires occidentaux en matériels de guerres, munitions et en appuis financiers. Parallèlement, l’OTAN franchit un autre pas dans sa réaction pour ne pas dire son implication au conflit.

En effet, le lundi 12 juin 2023 a commencé en territoire allemand le plus important exercice militaire jamais mené par l’organisation. Selon la communication officielle, Air Defender qui engage 25 pays, 250 aéronefs et 10 000 hommes, ne serait en aucun cas lié à la guerre en Ukraine. Toutefois les alliés de Kiev sont loin d’être dans une logique de désescalade à en juger des propos du secrétaire américain à la Défense LIoyd Austin : « Nous continuerons à fournir à l’Ukraine de quoi faire face à ses besoins urgents par rapport à la situation actuelle mais aussi sur le long terme face à l’agression russe. Et ne vous trompez pas, nous continuerons longtemps de soutenir l’Ukraine.« 

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Les questions de fond

Le 24 Février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine en dépit de l’intense ballet diplomatique qui avait alors prévalu. C’est pour en juger des divergences fondamentales qui opposent les protagonistes au conflit. Du côté occidental, la souveraineté de l’Ukraine est sans concession et la perspective de l’adhésion de cette ancienne République soviétique à l’OTAN fortement envisagée. En face, la nostalgie de la grande Russie ravive la flamme nationaliste.

A l’effondrement de l’empire en 1991, l’URSS s’étendait de la mer Baltique à l’océan Pacifique sur 11 fuseaux horaires. Elle mesurait 22 000 000 de kilomètres carrés pour une population d’environ 290 000 000 d’habitants. Le Président Poutine qui accuse le camp occidental de fossoyeur de l’Union assimile le fait à « la plus grande catastrophe géopolitique du siècle dernier« .

L’expansion de l’OTAN aux pays de l’Est et à l’Ukraine a par la suite constitué une réelle préoccupation pour Moscou. A ce propos, les républiques autoproclamées du Donbass et la Crimée sont comme un « bouclier de sécurité » pour le camp russe contre ses ennemis.

La mission et le protocole de guerre

Le protocole de la mission africaine en terre ukrainienne est loin de toute improvisation. Il est typique d’une communication de guerre savamment mise au point pour confronter les présidents africains avec la réalité du conflit.

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En effet, la délégation africaine a commencé sa mission en Ukraine par l’étape de Boutcha, où les russes sont accusés de massacres sur des populations civiles. La rencontre avec le président Volodymyr Zelensky s’en est suivie à la capitale visée peu de temps après par une attaque de missiles. Autant dire que c’est sous le couvert des sirènes antiaériennes et des explosions que la mission a pris congé de l’Ukraine. Une communication forte que Zelensky tenait à adresser à l’opinion africaine qui globalement n’a pas condamné l’agression russe.

On retiendra que sur toute autre question, les belligérants ont été plus sensibles aux difficultés d’accès du continent au blé et aux engrais ukrainiens et russes. A ce propos, le président Zelensky dira : « Avec nos partenaires, nous travaillons sur des hubs céréaliers en Afrique. L’approvisionnement alimentaire doit être garanti de manière fiable et le droit de chaque personne à l’alimentation doit être assuré.« 

Avec 1,3 milliard d’habitants et 60% des terres arables non exploitées à l’échelle planétaire, l’Afrique pourrait bien servir de grenier au reste du monde. Tout au moins, elle pourrait s’atteler à assurer son autosuffisance alimentaire et parer aux situations de crise auxquelles l’exposent les conflits.

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